Le Créneau représenté au premier forum mondial Bâtiment et Climat

Articles - Image d'intro

Les 7 et 8 mars dernier à Paris se tenait le tout premier forum mondial Bâtiment et Climat. Il était organisé dans la foulée de la dernière conférence des parties de Dubaï (COP 28) par le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), avec le soutien de l’Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction (GlobalABC). Le Créneau y était représenté avec d’autres intervenants qui œuvrent pour transformer l’industrie du bâtiment partout dans le monde. Entretien avec Mylène Joncas, directrice du Créneau, qui a été invitée à y participer. 

Qui était sur place et quel était l’objectif des intervenants?

M.J.: Sur place se trouvaient des ministres et des représentants de gouvernements nationaux et infranationaux de partout : de l’Amérique du Nord et Sud, du Canada, de France bien sûr, mais aussi d’ailleurs en Europe, de l'Afrique et de l’Asie. Nous pouvions rencontrer différents acteurs de la chaîne de valeur du bâtiment : investisseurs et gestionnaires d'actifs, promoteurs immobiliers, fabricants de produits, acteurs de l'architecture, de l'ingénierie et de la construction, gestionnaires de biens et d'installations, chercheurs universitaires, par exemple. Des représentants d’organisations internationales engagées dans la décarbonation et la résilience du secteur des bâtiments étaient également invités. L’objectif de la rencontre était que les pays puissent s’entendre sur des engagements communs pour décarboner le secteur du bâtiment et mettre les pays en action dans la transition climatique.

 

La Déclaration de Chaillot est une déclaration commune : que signifie-t-elle?

M.J.: Le secteur du bâtiment représente 21 % des émissions mondiales de GES selon les organisateurs de l’événement. On estime que l'impact des bâtiments sur le climat devrait s'accroître au cours des prochaines décennies en raison de la croissance rapide de la population, en particulier dans les zones urbanisées des pays du Sud. Même s’il vise la décarbonation d'ici 2050, le secteur piétine. Dans la Déclaration de Chaillot, on identifie des lignes directrices pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris de 2015 (un réchauffement d’au maximum 1,5 degrés Celsius à l’horizon 2100). Pour y parvenir, on doit diminuer ce qu’on appelle l’intensité carbone du bâtiment. On veut agir sur la façon dont on exploite les ressources naturelles destinées au secteur de la construction, sur la façon dont on fabrique les matériaux de construction, sur la façon dont on construit, sur la façon dont on utilise les bâtiments et sur la façon dont on intègre les bâtiments existants.

 

N’est-ce pas l’approche du Créneau Écoconstruction depuis ses débuts?

M.J.: Oui, le Créneau a pour mission de créer un contexte d’affaires favorable à l’écoconstruction. En ce sens,  il est important de mobiliser les acteurs de toute la chaîne. Comment? En réalisant des projets structurants ou en favorisant les maillages. Avec le développement des connaissances, le concept d'écoconstruction a plus de profondeur, l'idée n'est plus de miser uniquement que sur la construction en bois, par exemple. On doit considérer les impacts sur l'environnement, la société et la performance de l'ensemble de l'œuvre, de la conception à sa fin de vie. À cela s'ajoutent différentes échelles, soit le matériau, le bâtiment, le quartier - et même le territoire.

 

Que retenez-vous du discours des représentants gouvernementaux et des intervenants de la chaîne de valeur?

M.J.: Ce qui frappe, c’est la disparité des ressources et des solutions disponibles pour agir sur la chaîne de valeur d’un continent à l’autre. Tous les pays ne sont pas à la même place. J’ai trouvé intéressant qu’on le reconnaisse. Les représentants gouvernementaux s’entendaient pour dire qu’ils devaient fixer les cibles ensemble, mais qu’ils devaient laisser les acteurs des territoires trouver les solutions applicables localement, selon le contexte. Les contextes sont différents d’un pays à l’autre, considérant le développement économique, les savoir-faire présents, l’accès aux technologies, les ressources accessibles à proximité, par exemple.

 

Y a-t-il une solution qui pourrait s’appliquer à l’ensemble des pays?

M.J.: Beaucoup d’information et de données ont circulé pour inspirer les personnes participantes. On a souligné qu’il était important de développer des compétences pour apprendre à construire des bâtiments résilients. C’est vrai dans tous les pays. Chaque dollar investi dans un bâtiment résilient évite une perte de 4 dollars en travaux de réparation. Par exemple, chez nous, on pourrait décider de miser sur la formation des constructeurs. On a beau avoir des matériaux innovants, mais les compétences pour les utiliser adéquatement doivent suivre. Les personnes qui travaillent avec ces matériaux doivent connaître leurs caractéristiques, donner les bonnes recommandations et savoir comment les poser, qu’on pense par exemple à des panneaux solaires.

 

On peut consulter la Déclaration de Chaillot sur le site du ministère français de la Transition écologique et de la cohésion des territoires.

 

Retour à la liste des nouvelles