À toutes les échelles — du matériau jusqu’à l’aménagement urbain — une même logique s’impose : la décarbonation n’est pas qu’une question technique, c’est une démarche collective. Elle repose sur la collaboration de tous les acteurs de la chaîne de valeur, soutenue par des politiques publiques ambitieuses. La clarté des cadres législatifs en Suède et au Danemark contribue d’ailleurs fortement à mobiliser l’industrie et à accélérer sa transformation

 

Trois échelles d’observation : matériaux, bâtiments et design urbain

La mission a permis de constater la cohérence qui lie chaque niveau du cycle de construction. Les matériaux sont pensés pour être sains et durables, les bâtiments pour être confortables et répondent d’abord au besoin fondamental de se protéger, tandis que les quartiers deviennent de véritables milieux de vie où l’humain et la nature cohabitent harmonieusement.

Un aspect frappant : la place accordée à la voiture. À Stockholm, la hiérarchisation des espaces est si bien intégrée que le simple revêtement du sol indique s’il s’agit d’une voie piétonne, cyclable ou automobile. Cette lisibilité traduit une vision claire : celle d’un urbanisme pensé d’abord pour les gens.

 

 

 

 

 

 

Photo :

Maquette du quartier Fallaedby (actuelement en construction) à Fallaedby Lab, Copenhague

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des modèles d’affaires variés, unis par une même logique circulaire

Les entreprises rencontrées témoignent de la diversité des approches possibles pour bâtir bas carbone. Au Danemark, Lendager structure son modèle autour du réemploi : briques coupées et reposées en damiers design, fenêtres reconditionnées et revendues à forte valeur ajoutée. Leur démarche séduit aujourd’hui autant pour son esthétique que pour son impact environnemental et social.

À l’autre bout du spectre, la Suède impressionne par la maîtrise industrielle du bois. L’entreprise Martinson illustre parfaitement l’intégration verticale : de la forêt au bois transformé en CLT, en passant par la scierie, la chaîne est courte et sans perte. La production se fait à la commande, ce qui élimine le gaspillage et optimise la logistique.

 

 

 

 

 

Photo :

Multirésidentiel conçu par Lendager, quartier Oerestad. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et puis, il y a Lindbäcks, véritable icône de la préfabrication suédoise. Entreprise familiale depuis plusieurs générations, elle incarne l’efficacité opérationnelle à grande échelle : un équipement de pointe, des procédés rigoureux, et une équipe d’ouvriers hautement qualifiés qui font de la modularité un modèle de performance et de qualité.

 

 

 

 

 

 

Photo :

Usine Lindbacks, Pitea 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’humain au centre du design urbain

Parcourir les quartiers scandinaves, c’est découvrir des espaces où l’humain est au centre des préoccupations. Chaque unité d’habitation s’ouvre sur un espace intime, qui mène à un espace partagé, puis à un espace collectif — un enchaînement réfléchi qui favorise la proximité sans nuire à la tranquillité.

Les projets respectent souvent la règle du “5” : chaque logement se trouve à cinq minutes d’une garderie, d’une épicerie, d’un arrêt de transport en commun, d’un espace vert et d’un service essentiel. Une planification simple, logique, mais redoutablement efficace pour créer des milieux de vie complets et durables.

 

Une source d’inspiration durable

Enfin, il y aurait encore beaucoup plus à dire! Ce périple en pays scandinaves, riche d’apprentissages et de rencontres, saura très certainement teinter notre travail et inspirer nos projets à venir, en renforçant notre conviction qu’un avenir bâti à la fois sobre, humain et cohérent est bel et bien possible.

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo : 

Quartier Hammarby Sjostad, Stockholm.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo en-tête de gauche à droite : David Dubé (CB4S), Mylène Joncas et Claire Sirois (Créneau Écoconstruction), Dominique Tremblay (SEREX), Caroline Dodier et Véronique Plourde (Innov & Export PME), Jean-Mathieu Drapeau (Kamco construction), Marie Duchesne (Les Habitations populaires de l'Est),Michael Taguay (Symbiose Écoconstruction) Marie-Hélène Nollet (Nollet Cabinet d'architecture), Guy Malenfant (Kamco construction), Samuel Pépin-Guay (Linéaire Écoconstruction), Pierre-Olivier Lecours-Bouchard (la Société de développement de l'Est), Marie-Élaine Banville (RIVE Architecture), Laurance Desjardins (Symbiose Écoconstruction), Émilie Dionne (CB4S), Marie-France Stendal et Dominique St-Gelais (STGM).