Depuis le printemps 2025, un groupe d’acteurs mobilisés autour de la construction bas carbone au Bas-Saint-Laurent s’est lancé un défi audacieux : démontrer que la décarbonation du secteur du bâtiment peut aussi passer par la déconstruction et le réemploi des matériaux.
Cette initiative, proposée par Studio Carbone et Nollet cabinet d’architecture et portée conjointement avec le Créneau Écoconstruction et Synergie BSL, est soutenue par le Fonds de soutien à l’innovation et fortement inspirée des projets de déconstruction réalisés sur le territoire de la Gaspésie. À leur tour, ces acteurs souhaitent poser les bases d’une approche structurée du réemploi dans la région.
Pour y parvenir, il fallait un projet concret, un promoteur prêt à « jouer le jeu ». C’est ainsi qu’Héritage BSL, nouvel acquéreur de l’ancien Café Métis à Métis-sur-Mer, a décidé de faire les choses autrement. Accompagné par l'équipe projet, le promoteur a choisi d’adopter une approche exemplaire, axée sur la circularité et la sobriété carbone.
Mais dès les premières analyses, le bilan de santé architectural réalisé par Nollet Cabinet d’architecture n’annonçait rien de bon : le bâtiment, trop vétuste, semblait difficile à récupérer. C’est à ce moment que Studio Carbone est entré en scène. Forte de dix ans d’expérience dans la déconstruction et le réemploi, l’équipe — bien implantée en France et aujourd’hui au Québec — a apporté un vent de renouveau… à commencer par le vocabulaire. Oublions le mot démolition : parlons désormais déconstruction.
Sur le terrain, les experts de Studio Carbone ont réalisé un diagnostic ressources complet : chaque composante du bâtiment a été décrite, caractérisée et évaluée selon son potentiel de réemploi. Résultat ? Les perspectives se sont révélées bien plus prometteuses qu’attendu !
Pour assurer la suite, Synergie BSL s’affaire à identifier les acteurs régionaux et les ressources locales pouvant contribuer à structurer une première filière du réemploi dans la région. Synergie BSL apporte sa contribution en positionnant cette initiative dans une cartographie territoriale qui met en lumière les ressources, les expertises et les débouchés régionaux liés au réemploi.
En initiant ce projet pilote, Héritage BSL et ses partenaires envoient un signal fort : le réemploi peut être non seulement une pratique écologique, mais aussi un levier d’innovation et d’attractivité régionale.
Le projet du Café Métis-sur-Mer, lorsqu’il se concrétisera, sera le premier chantier pilote en déconstruction sur le territoire bas-laurentien, suivi de près par celui de l’Hôtel de ville d’Amqui. Ces initiatives, à fort potentiel de réplicabilité, pavent déjà la voie à d’autres projets actuellement en discussion dans la région.
L’économie circulaire du bâtiment se structure progressivement autour d’une vision claire : assurer que les matériaux issus des rénovations ou des constructions majeures du Bas-Saint-Laurent soient systématiquement remis en circuit et valorisés dans des bâtiments à haute valeur ajoutée. Cette initiative, porteuse d’avenir, pourra générer de nouvelles perspectives économiques et d’emploi, notamment dans la transformation, le nettoyage, la revalorisation et la création de produits issus des matériaux récupérés.
Le projet s’inscrit donc dans un contexte régional, et même provincial, en ce sens où plusieurs villes et régions, comme Montréal, Gatineau ou Québec, mettent en place des projets pilotes d’économie circulaire dans le bâtiment.
La fin du projet du Café Métis-sur-Mer est prévue pour février 2026. Une chose est certaine, à ce moment, Héritage BSL aura tout en main pour procéder à une déconstruction sélective circularisant un maximum de composantes. D’ici là, le Créneau Écoconstruction suivra de près cette initiative inspirante, qui illustre de façon concrète la transition vers un bâtiment circulaire et bas carbone au Bas-Saint-Laurent.
Photos : Gracieuseté Studio Carbone
