
La plus récente exposition Greenbuild se tenait à San Francisco au début de novembre. Quels enseignements peut-on en retenir? Récapitulation des principaux points de rencontre entre l’effervescence de ce genre d’événement et la situation de l’écoconstruction sous nos latitudes selon Mylène Joncas, directrice du Créneau Écoconstruction, qui y était.
Qu’est-ce qu’on doit garder en tête lorsqu’on visite ce genre d’événement?
« On doit toujours contextualiser une innovation, un nouveau produit, avant de déterminer s’il est intéressant pour notre projet de construction écologique. En Californie, par exemple, l’accent est mis sur la faible consommation d’énergie des bâtiments, puisque l'énergie est une enjeu et affecte les coûts de fonctionnement du bâtiment. Ou encore le bambou comme matériau peut être intéressant plus au sud, mais pas au Canada, compte tenu de la distance à parcourir », souligne d’entrée de jeu Mylène Joncas, directrice du Créneau. »
Quel est votre plus belle découverte parmi les exposants et intervenants de Greenbuild 2022?
« Nous avons découvert une organisation qui fait de la construction et du tri de matériaux, www.cdrecycling.org. Au lieu de démolir un bâtiment, on fait appel à cette organisation pour séparer les matières et les réutiliser ou les recycler plutôt que de payer pour tout mettre aux ordures. Car selon où l’on se trouve, le prix à payer pour envoyer des matériaux aux ordures peut varier grandement. Au Québec, force est de constater qu’il n’en coûte pas assez cher pour envoyer des matières de ce type au site d’enfouissement. Ce type d’organisation, un OSBL, manque chez nous pour pouvoir vraiment passer à l’action, déconstruire et recycler les résidus. »
Quel est le produit de construction le plus ingénieux que vous ayez vu pour la première fois?
« C’est inventé au Canada, le www.rainstickshower.com : c’est un système pour prendre des douches ayant le plus petit volume d’eau possible. L’eau circule en circuit fermé et est traitée pendant que dure la douche. Lorsqu’elle revient en haut, l’eau est propre. Au Québec, on a moins conscience de la valeur de l’eau potable parce que nous en avons en très grande quantité. Toutefois, dans plusieurs régions du monde, l’accès à l’eau potable est un enjeu majeur et on cherche par tous les moyens à en diminuer la consommation, en particulier dans le domaine du bâtiment.»
Qu’avez-vous trouvé de plus étonnant durant votre visite à Greenbuild?
« Je crois que c’est de voir autant d’inventeurs et d’entrepreneurs mettre leur talent et leur énergie à profit pour une transition écologique passant par le bâtiment. On peut réduire notre empreinte en agissant sur le secteur de la construction, en plus d’adoucir l’impact du dérèglement climatique déjà bien installé. Pour nous adapter, en somme.»
Que rapportez-vous dans vos bagages à la suite de cet événement?
« Dans mes bagages, je rapporte une bonne dose de motivation parce que les solutions techniques et la volonté des acteurs existent. Il y a des possibilités et il reste à mobiliser nos troupes pour passer à l’action. J’espère organiser une délégation de membres du Créneau pour GreenBuild 2023! Personnellement, je me suis laissée surprendre et je n’ai pas été déçue! J’ai dans mes bagages par exemple le cas de l’Association de la construction en paille de la Californie, www.strawbuilding.org. Chez eux, le code de la construction accepte la construction paille. On développe aussi le bois de chanvre en Californie. Qu’attendons-nous pour déployer la filière? »
Voilà de quoi alimenter les projets du Créneau pour les mois à venir!